Récits de légendes basques

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  Le chandelier de Saint-Sauveur

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CarteIl y a sept ou huit cents ans que Mendive ne possédait que les maisons Lohibarria (vallée de boue) et Miquelaberroa (haie des Miquels). Un jour, le valet de ferme de Lohibarria, surnommé Hacherihargaix (renard difficile à prendre), alla chercher des vaches à Galharbeco Photcha (rocher de Galharbe). Là, il rencontra une dame sauvage (Basa Andere), qui avait nettoyé le chandelier, et se peignait avec un peigne d'or. Il se dit qu'il devait ravir ce beau chandelier. Deux fois il le prit ; mais la dame sauvage l'ayant aperçu, il dut le laisser deux fois. La troisième fois il la trompa et partit emportant le chandelier. La dame sauvage, aussitôt qu'elle s'en aperçut, appela son père à grands cris. Basa-Jauna était à la noce à Béhorléguy Mendi (montagne de Béhorléguy) ; il arrive en deux sauts et poursuit Hacherihargaix jusqu'à Saint-Sauveur. En arrivant à Saint-Sauveur, Hacherihargaix s'écria :
« Saint Sauveur ! je vous apporte un beau cadeau.»
Aussitôt la cloche de Saint-Sauveur commence à sonner d'elle-même. Alors le seigneur sauvage dit à Hargaix :
« Bien te prend que cette mauvaise sonnaille ait sonné, sans quoi je t'aurais dévoré. La première fois que je te rencontrerai à jeun, je te dévorerai.»
À quelque temps de là, après avoir battu du froment, Hacherihargaix alla un matin à jeun chercher ses vaches. En arrivant à la broussaille de Sohachipia (petite prairie), il aperçut le seigneur sauvage et se rappela sa menace. En se grattant la tête, il trouva quatre grains de froment dans ses cheveux. Il les mit aussitôt dans sa bouche et les mangea. Le seigneur sauvage disparut et il ne le vit plus. Depuis ce jour, il ne sortait jamais de chez lui sans avoir mangé.
Le chandelier qu'Hacherihargaix avait ravi à la dame et porté à Saint-Sauveur était jaune comme l'or. Il a été terni dans un incendie allumé par les Espagnols. Alors on voulut le porter à Mendive, mais on n'a jamais pu le faire passer au-delà du col Haritz Kurutche (croix de chêne).

  Le pont de Licq

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Pont de LicqJadis, les anciens de Licq ne pouvaient construire un pont sur le gave. À l'endroit où l'on désirait construire ce pont, il y avait trois Lamignac, tous trois se nommant Guillen. Un jour, ces Lamignac dirent à un homme de Licq qu'ils construiront un pont de pierre la nuit, veille de la Saint-Jean, s'il veut en paiement leur donner son âme. L'homme le leur promit, à condition que le pont sera construit dans une même nuit, avant que le coq ait chanté. La nuit de la veille de Saint-Jean, les trois Guillen ensorcelèrent d'abord tous les coqs et commencèrent à travailler, disant, en se passant les pierres :
« Tiens ! Guillen.
- Donne ! Guillen.
- Prends ! Guillen.»
Pour terminer le pont, ils avaient à la main la dernière pierre, lorsqu'un poussin, encore dans l'oeuf, sous la poule, chanta. Alors les trois Guillen dirent :
« Adieu (adio) notre paiement », et jetèrent la pierre dans l'eau. Depuis lors une pierre manque, dit-on, au pont de Licq.

  Le dragon d'Alçay

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A la lisière du bois de Zouhoure, un pâturage est sur le versant de la montagne Azaléguy, et, au milieu du versant, un antre dominant un abîme.
Autrefois les pasteurs d'alentour perdaient leur bétail et n'en trouvaient trace nulle part. Un jour un effroyable serpent sortit de l'antre pour aller boire. On vit sa tête à l'eau du ruisseau, et la queue encore près de l'antre. Il attirait les brebis par sa seule aspiration et les engloutissait. Que fallait-il donc faire ?
En ce temps il y avait à Athaguy un chevalier, cadet de cette maison, qui n'avait peur. Il voulut savoir s'il serait maître du dragon. Il met une peau de vache pleine de poudre sur sa monture et il va. Quand il arriva à Harburia, il attache sa monture à une aubépine. De la crête de la montagne d'Azaléguy, il fait rouler par bonds et par sauts la peau au-devant de la caverne. Ah ! bien ! Le bon Dieu lui avait donné l'agilité. Il monte son cheval, comparable à l'éclair, descend le vallon, et se tourne vers Alçay. Il arrivait au col de Hangaitz, lorsqu'il entend comme un bruit de cent clochettes derrière lui. Le dragon ayant avalé la peau de vache, la poudre avait pris feu. Il roula en bas du bois d'Ithe fracassant les jeunes hêtres du bout de sa queue. Par Aussurucq il arriva à la mer et s'y noya. Pour le chevalier d'Athaguy, le sifflement du dragon et le bruit convertirent son sang en eau ; il entra dans son lit et mourut.
Les vieux disent que le dragon avait sept têtes.

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